Maillochon, le guide angevin

David Maillochon
David Maillochon quelques minutes après l’une de ses onze arrivées au stade de la Redoute à la Réunion. Photo DR – Facebook, D. Maillochon.

Dans son armoire : onze maillots de finisher du Grand Raid de la Réunion. En Anjou, David Maillochon est un exemple pour beaucoup. Rencontre.

Le 22 octobre dernier, il était là, à Saint-Pierre, au départ du Grand Raid de la Réunion. Oui, il était là, comme prévu et comme si souvent depuis sa découverte de la Diagonale des fous en 2000. Seulement, cette fois, et à son grand dam, il s’est contenté d’une place derrière les barrières de sécurité. Fichue fracture de la rotule !

« Je tenais quand même à être présent, dit-il deux mois après. Une dizaine de garçons que j’entraîne toute l’année était au départ. Je ne pouvais pas les laisser tomber. » Et alors, il a aimé ? « Oui, oui, car ils ont tous fini. Maintenant, je ne peux pas nier que je préfère être acteur… »

Acteur, au beau milieu de l’Océan Indien, David Maillochon l’a été à onze reprises. Bilan : un 100% de réussite  et une aura décuplée au fil des années. Ainsi, aujourd’hui, il fait figure de modèle et/ou de guide dans la région angevine, réputée pour ses bosses de… 15 mètres de dénivelé positif ! « Guide ? Ce serait un peu prétentieux de dire ça », tempère l’intéressé, qui s’est d’abord fait un nom sur les terrains de football. Il insiste : « Oui, ce serait vraiment déplacé de l’affirmer. » Preuve de son humilité, en dépit de son curriculum vitae de traileur qui, on l’a déjà écrit, a commencé à se remplir au tout début du XXIe siècle.

« J’ai eu la chance de découvrir la Diagonale à l’époque où elle n’avait pas encore cette réputation mythique, rapporte l’Angevin. J’ai d’abord vu des images sur VHS. Elles m’ont intriguées. » Il y est donc allé en short de foot, « avec du matos un brin désuet » , « sans savoir ce qui (l)’attendait » , « en ignorant totalement l’impact d’un tel effort sur l’organisme » . Il en est ressorti métamorphosé.

Au départ de cinq épreuves du World Tour en 2016

Il dit : « Cette discipline, unique, te permet d’ouvrir les portes d’un nouveau monde et t’offre des perspectives insondables. Avant de te jeter dans le grand bain, tu n’oses imaginer pouvoir aller aussi loin dans l’effort. Finalement, on s’épanouit dans la difficulté. C’est passionnant. » Lui, le modeste coureur, en a fait son art de vivre. Et plus encore. « Au retour de premier Grand Raid, j’en ai parlé autour du moi. L’année d’après, un ami m’a accompagné. L’année suivante, un autre… » Et ainsi de suite. Depuis, il a endossé la casquette de coach – Impulsion Trail Angers, c’est lui – et a inspiré un paquet de traileurs, « pas forcément destinés à cela initialement.  »

Mieux encore, avec une bande de potes, il a créé en 2002 l’association Ent’Raid 49 qui récolte des fonds au profit de deux mouvements solidaires, Les copains d’Elsa » et « Condenados al Bordillo« .

Justement, ce groupe-là, dirigé par David Maillochon évidemment, s’est lancé le pari de participer à toutes les épreuves de l’Ultra-Trail World Tour entre 2015 et 2018. Ainsi, le 6 février prochain, il prendra la départ du Tarawera Ultramarathon (Nouvelle-Zélande). Le 23 avril, il participera au Madeira Island Ultra-Trail (Portugal), avant de s’engager sur l’Ultra-Trail Australia le 11 mai et le Lavaredo Ultra-Trail (Italie) le 24 juin. A chaque fois, des membres de l’asso’ l’accompagneront.

« L’engagement est total »

« Après ça, je vais couper un peu, sourit le colosse qui n’a repris l’entraînement que depuis quelques semaines. Et puis, en octobre prochain, il y aura la Diagonale. » On s’en serait douter.

C’est à la Réunion qu’il a appris à aimer ces aventures au long cours qui vous permettent de tutoyer vos limites… « Sur ces épreuves, tu sais d’ores et déjà que tu trouveras toujours meilleur que toi, à commencer par la montagne, impitoyable et dangereuse. Ça te rend humble. Au final, l’engagement est total mais cela en vaut la peine. Et je suis fier d’avoir amenés des gens dans ce truc-là… » Ce truc-là, c’est sa vie.

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