Guillon, simple champion

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Antoine Guillon lors du Grand Raid de la Réunion. Photo DR – Facebook, Antoine Guillon

Vainqueur de l’Ultra-Trail World Tour 2015, Antoine Guillon étonne par sa simplicité et sa façon d’appréhender une discipline qu’il maîtrise totalement. Portrait.

Saint-Pierre, 22 octobre 2015. Il est 21h20 et les étoiles ont disparu du ciel réunionnais. Tant redoutée et si prévisible, la pluie est là, quelques minutes avant le départ du Grand Raid.  » Elle s’est mise à tomber d’un coup », se souvient Antoine Guillon, qui a « très vite pris place sous une tente, initialement réservée aux techniciens », avec tous les coureurs élites.

A quelques mètres de là, c’est le branle-bas de combat. Les « anonymes » de la Diagonale se lancent alors dans un ballet désordonné. Ou comment enfiler un vêtement de pluie en étant serré comme des sardines. Une fois le calme revenu, quelques sifflets s’élèvent. Ils visent les « privilégiés », qui ne ressortiront de leur abri de fortune que pour prendre la tête du cortège tout juste avant l’envol de cette 23e édition. « Il y a eu des sifflets ?, s’interroge aujourd’hui  l’Héraultais de 45 ans. Avec le bruit de l’eau, je ne les ai pas entendus… » S’il les avait entendus, sans doute aurait-il ressenti une petite gêne car il est l’incarnation de l’esprit trail. Humble et disponible.

« J’en suis encore à me demander pourquoi et comment j’ai réalisé ce rêve »

Il dit : « J’aime partager ma passion. A l’entraînement ou en compétition. C’est quand même chouette de pouvoir échanger avec les personnes qui t’entourent, non ? » N’y voyez aucune opération séduction. Il est comme ça, Antoine Guillon. Simple. A l’écoute. Aimé de tous. Et les réactions enjouées, qui ont suivi l’annonce de son sacre au stade de la Redoute en octobre dernier, ne font que confirmer cette réalité.

De ce sacre, il en parle encore avec émotion, un mois et demi plus tard. « Il restera gravé à jamais dans ma mémoire, confie l’ancien « Poulidor » de la Diagonale (2e en 2007, 2010 et 2012), autrement surnommé le métronome pour sa capacité à gérer ses efforts. J’en suis encore à me demander pourquoi et comment j’ai réalisé mon rêve. » Il a certes « beaucoup travaillé en amont, fait attention à (s)on alimentation » mais n’a pas révolutionné sa préparation. Autrement dit : toujours pas d’étirements, ni de séances VMA à se « faire mal pour rien ». Pas même quelques minutes de gainage ? « Si, si, quand je m’occupe de mes jardins ! », sourit l’ancien horticulteur, qui résume : « J’arrive à enchaîner les ultras parce que je reste dans des allures tranquilles à l’entraînement. Et puis, à force, mon corps est formaté. »

« Petit, je ne supportais pas d’aller à l’école »

Sa journée type ? Vélo le matin, trail l’après-midi. Tout simplement. Un quotidien que beaucoup lui envient. « Attention, précise-t-il, j’ai pris des risques pour vivre de ma passion. Quand tu quittes ton boulot pour gagner 500 euros par mois, ce n’est pas simple. Ce quotidien, je me le suis offert. Il a fallu oser, organiser des stages, des événements, trouver des sponsors. J’écris, aussi. Finalement, j’aime bien maîtriser mon emploi de temps. Petit, je ne supportais pas d’aller à l’école. Je voulais être libre.  » Aujourd’hui, il l’est, en plus d’être n°1 mondial, lauréat de l’Ultra-Trail World Tour 2015 (circuit mondial qui regroupe dix épreuves dont l’UTMB et le Grand Raid de la Réunion). La récompense d’une saison pleine.

« Quand les gens me parlent de cette distinction, ça me fait bizarre, commente Antoine Guillon. Si certains avaient participé à plus d’épreuves, peut-être que je n’aurais pas gagné. Je ne me considère pas comme LE champion du monde. Ça ne va pas changer ma vie. » Ni sa façon d’être. « Est-ce que je me sens investi d’une mission ? Non, je ne crois pas. Seulement, j’occupe désormais une position qui me permet de faire passer des messages. Chacun se doit de respecter son corps, tout en faisant attention aux autres. »

« Quand je suis à la moitié d’un ultra, je pense déjà au suivant »

Et maintenant ? Oui, maintenant qu’il a atteint le sommet ? « Eh bien je vais rebondir sur d’autres projets, remarque l’intéressé, qui ne portera plus les couleurs de Waa en 2016. Tu sais, quand je suis à la moitié d’un ultra, je pense déjà au suivant. C’est important pour rester dans une belle dynamique. » Ainsi, le 1er janvier, il sera au départ de l’Ultra Taï Mo Shan, du côté de Hong-Kong, avec son ami Christophe Le Saux. « Après ? Ça s’enchaînera. » Comme toujours.

ANTOINE GUILLON

45 ans

Sa saison 2015 : 1er du Grand Raid de la Réunion, 3e de la Transgrancanaria et de la Hong-Kong 100.

Antoine Guillon
Antoine Guillon sur le Chemin des Anglais quelques jours avant le départ du Grand Raid. Photo DR – Facebook, Antoine Guillon.

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